Pour la COMMUNAUTE CROQUEURS DE MOTS
L'histoire commence ainsi:
Un soir d'orage ,où le bruit du tonnerre se mêlait à un plastiquage ,près de la
maison de Dumè , ....à vous de continuer
Voici les questions:
1- Pourquoi la porte du frigo est-elle ouverte ?
2 - Pourquoi y-a-t-il une chaussure à l'intérieur ?
3- Pourquoi le grand-père est-il couché dans l'entrée ?
4- Que fait le parapluie dans le lit conjugal ?
5- Où est passée la grand-mère ?
6- Pourquoi la bouteille est-elle vide ?
7- Où sont passées les casseroles ?
8 - Qui a dit que c'était impossible ?
9 -Pourquoi lundi ?
10- Que fait le chat chez les voisins ?
Défi lancé par Fanfan
message personnel à l'intention de Fanfan :
Tortionnaire !
Un soir d'orage, où le bruit du tonnerre se mêlait à un plastiquage, près de la maison de Dumè, Serena était assise dans sa cuisine, dans le noir, un verre d'alcool à la main, une
cigarette dans l'autre. Le téléphone décroché bipait....
Quelques heures plus tard, au soleil revenu, les artificiers dormaient du sommeil des justes dans la maison de Dumè, bercés par le chant des cigales. En face, chez Serena, c'était l'effervescence: grouillant de policiers, de journalistes, de voisins, de chats... voire de rats !
Un peu plus tôt le matin même, la voisine en ramenant le chat avait trouvé le grand-père couché dans l'entrée et Serena gisant sur le carrelage de la cuisine...
Le lieutenant Colombo était bien obligé de laisser sa fidèle 403 à mi-chemin, incapable qu'elle était de gravir le raidillon. Elle reprenait sagement son souffle à l'ombre d'un chataignier, attendant que le célèbre lieutenant ait fini son office. Fallait d'abord qu'il grimpe.
Arrivé sur les lieux, mâchonnant la dernière bouchée du sandwich charcuterie-mayo préparé hâtivement par sa femme pour son petit déjeûner, il se mit tout de suite à inspecter la maison et ses environs.
10 minutes après, il avait compris toute l'histoire et la démystifiait pour son subalterne médusé:
"-Pour une fois je vais pouvoir aller faire ma sieste avec ma femme,
cette affaire est claire comme du jus de saucisson d'âne ! " disait Colombo.
"Pas d'assassin à harceler,
vous pouvez classer.
Je me fais fort de rendre un beau rapport...
dès Lundi :
il n'y a personne de mort,
tout le monde est endormi !!! "
Il se sentait poète, le lieutenant, en ce joli Dimanche.
Le subalterne, lui, n'avait rien pipé.
"-C'est impossible", marmonna-t'il entre ses dents, "il n'a pas réussi a expliquer comme ça, si vite, les 10 questions !"
Sans aucunement chercher à réprimer le soupir exaspéré que lui inspirait la tronche d'abruti de son collègue, le lieutenant eut la patience de bien vouloir tout reconstituer pour lui "comme si on y était".
"-La belle Serena avait rendez-vous avec son fiancé du continent," dit-il en consultant son calepin.
Son petit stylo glissant entre ses doigts pleins de mayo, sa femme en ayant mis trop, il le mit sur son oreille et continua :
" elle avait mis les ptits plats dans les grands, et fait manger les vieux. Après quoi elle avait envoyé le chat jouer dehors et les vieux au pieu, avec peut-être un cach'ton ou deux, pour qu'ils
dorment mieux. Elle avait commencé la vaisselle.
Et puis il avait téléphoné et puis l'orage avait éclaté... "
Et elle avait commencé à picoler...
A quoi ça servait de mettre dans des états comme ça pour lui ? Hein ?
C'était vraiment qu'un sale type, un de plus, un con de mec, quoi !
Depuis combien de temps elle était là, à l'attendre, dans le noir ? Elle ne savait plus. Elle s'était jetée sur la bouteille de vodka juste après son coup de fil, vers 18h. Depuis, elle
n'avait pas bougé, même quand elle avait été à court de jus de pommes. Elle avait ouvert du bout du pied la porte du frigo, et tenté de ramener la brique de jus d'oranges avec le pied. Elle y
avait laissé une pantoufle mais n'avait pas réussi l'exploit. Du coup elle avait continué de boire, sec.
Au bout d'un moment l'ampoule du frigo laissé ouvert avait fini par griller. La pluie battait les carreaux, et de temps en temps un éclair venait illuminer la scène, mais elle ne s'en apercevait même pas, noyée dans son brouillard.
Elle ne pensait même plus à regarder la pendule. De toutes façons, il ne viendrait pas. Il l'avait dit.
Boom !
Une déflagration fit trembler les vitres.
Dans le silence qui suivit, et sans tourner la tête elle agrippa la bouteille sur la table et poussa un juron.
"Et Meeeeeerde ! "
Puis un chapelet
" Putain ! Merde ! Fait chier ! "
Plus de munitions.
"- Serena ? C'est toi Serena ? Qu'est-ce qu'il y a ?"
Fallait s'y attendre. Le papé était habitué aux plastiquages de chez Dumè, mais elle l'avait réveillé à jurer dans la cuisine comme un charretier. Normal: il dormait dans l'entrée ! Quelle idée !
Le vieux était têtu. C'était de famille disait-on dans le canton. A 89 ans, quand il n'avait plus été capable de monter les escaliers pour aller se coucher dans sa chambre, il s'était fait
installer une couchette dans un coin de l'entrée et il n'en démordait pas. Il dormait là, tous les soirs, depuis plus de dix ans. N'en déplaise à tout le monde. La mamé continuait à dormir seule
en haut dans leur lit conjugal, armée d'un parapluie pour se défendre. Au cas où. Leur chat n'avait su choisir entre eux deux, et avait fini par élire domicile chez les voisins, dont la chatte
pas bégueule avait un grand coussin.
"- Non, c'est rien papé, rendors-toi !"
Il vallait mieux qu'il se rendorme. Elle ne se voyait pas lui expliquer pourquoi yavait plus de vodka et de toute façons il n'aurait pas compris...
Encore un Boom qui fit trembler les murs... La maison de Dumè elle allait pas résister longtemps à ce train-là.
Tout en essayant de se souvenir si elle avait une autre bouteille et où elle pouvait bien l'avoir foutue, elle se leva brusquement. Ça yoyotait. Oh que oui, ça yoyotait ! Et pas qu'un peu,
même.
Elle se laissa glisser par terre en sanglotant doucement.
Et s'il arrivait, là, maintenant, que trouverait-il ? Que dirait-il en la voyant là, affalée sur le sol de sa cuisine, complètement schlass, son maquillage ayant depuis longtemps coulé puis séché
et dessiné un masque de panda sur son visage bouffi...
La cuisine était aussi dans un état pitoyable vu qu'elle n'avait pas attendu de finir la vaisselle pour se saoûler ! Les casseroles sales empilées dans l'évier, les assiettes de ses petits vieux
encore sur la table, le cendrier débordant de mégots et elle... une loque sur le carrelage.
Joli spectacle... Qu' heureusement il ne verrait pas !
Au téléphone il avait juste dit comme ça, qu'il ne pouvait pas venir, un travail urgent à finir, à remettre avant Lundi.
Tu parles ! Ça devait être une belle blonde aux jambes interminables, son travail à remettre !
A cette idée elle se remit tout doucement à pleurer.
Dehors, le plastiquage avait fini par cesser, et on n'entendait plus que la pluie frapper régulièrement les carreaux.
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